ESU-UNIKIN: le Professeur Michel Bisa Kibul recadre le Prof Ngondankoy Paul-Gaspard !

Par Michel Bisa Kibul,

Je viens de lire un texte virtuel attribué au Professeur Paul-Gaspard Ngondankoy en réaction à un article de presse écrit par Monsieur le Recteur de l’unikin, le professeur Daniel Ngoma-ya-Nzuzi.

De visage, je ne connais pas le Prof. Ngondankoy mais j’ai de son nom un bon témoignage et, lui et moi, avons un ami en commun.

Je viens avec ma liberté intellectuelle pour donner mon point de vue par rapport à ses opinions parce que son texte virtuel a attiré mon attention à cause de ses affirmations « paradoxales » et par ses nombreuses générations abusives et faciles.

Néanmoins , bravo pour l’auteur de ce texte virtuel qui a pu restituer quelques pratiques sociales rétrogrades qui caractérisent, avec des intensités variées, les microcosmes universitaires congolais et Africains. Ce diagnostic n’est ni nouveau, ni l’exclusivité de l’université congolaise, encore moins la spécificité de l’Université de Kinshasa. Il s’agit des faits qui rentrent dans le cadre du système de la « revanche des cancres » que nous avons expliqué dans un texte virtuel, il y a deux semaines.

Plusieurs travaux scientifiques existent à ce sujet. Ils résultent des recherches empiriques bien fouillées et publiées dans les structures éditoriales sérieuses . Loin du populisme des réseaux sociaux, l’université de Kinshasa a pu s’ouvrir et su bien tolérer la critique et l’auto-critique, y compris dans sa Salle des Promotions, par ses propres membres. C’est aussi au nom de cette liberté académique et scientifique , qu’un Employé de l’université peut critiquer son Employeur jusqu’à porter atteinte à la réputation de l’université sans être interpellé par des instances disciplinaires de l’université. On peut citer, sans être exhaustif, dans la liste des travaux sérieux qui ont su analyser les réalités de notre Université : Jean Abemba Bulaimu, Émile Bongeli, Jean-Pierre Mpiana Tshitenge, Bumba Monga, Busugutsala, De Saint Moulin, Ndaywel è Nziem, Hirtt, Lututala Mumpasi, Mawanzi Manzenza, Musa Alokpo, José Banzonzi, Mwabila Malela, Ngb’usim Mpey-Nka, Poncelet, Sabakinu Kivilu, Shomba Kinyamba, Célestin Musao, Benoît Verhaegen et, récemment, la Thèse de Doctorat d’Albert Issa Yuma. Ces savants ont dressé des critiques objectives, sévères et vérifiables et ce, sans jeter un quelconque discrédit dans les réseaux sociaux sur notre mère nourricière : l’Université de Kinshasa.

S’agissant des affirmations paradoxales, l’Auteur du texte que j’ai lu s’indigne d’appartenir à « cette université, à tout le corps professoral du Pays et d’être appelé Professeur ». Appellation dont il renonce et dénonce l’appartenance sans pour autant démissionner ! Quelle convergence paradoxale et/ou parallèle !

Tout en invitant les gens à ne plus l’appeler « Professeur », il poursuit l’exercice de ce métier devenu « indigne de lui » ! Il n’abandonne pas la carrière professorale (grade de Professeur Associé, Professeur, Professeur Ordinaire, Professeur Émérite). Quelle est la finalité, sinon populiste, d’une telle démarche?

Quoiqu’il en soit, au nom des bons témoignages que nous avons de lui, on aurait du pas vouloir sa démission.

Pour expliciter quelques-unes de ses généralisations qui me paraissent hâtives et abusives, disons :

  1. Certes, les doctorants proposent les choix de leurs encadreurs. Les différents Conseils : Département et Faculté, y statuent et peuvent confirmer, infirmer ou nuancer les propositions des doctorants. Cela est naturel, légal et normal.

N’oublions pas que toutes ces instances, à commencer par le doctorant, n’émettent que des Avis, révisables et que, par ailleurs, les défis de l’encadrement scientifique ne sont pas qu’intellectuels. Les dimensions humaines et sociales existent à côté des exigences épistémologiques, méthodologiques, d’écriture scientifiques …et la rencontre de ces facteurs est une donnée naturelle et universelle. Quoiqu’il en soit, la décision finale revenant à l’autorité formellement compétente. Aucune Thèse n’est parfaite, définitive et non critiquable.

  1. Je suis titillé d’apprendre que, selon l’expérience de l’auteur de ce texte, peut-être puisée dans son expérience ,  » Les promoteurs ne tolèrent généralement pas les voix discordantes au sein du comité d’encadrement, allant jusqu’à assimiler toute critique de la dissertation à la leur ». Tout promoteur qui se comporte ainsi est anormal.

Cependant, il ne faut pas généraliser ce manque d’esprit et de culture scientifique à l’ensemble des Facultés de notre université, des Comités des coachings des travaux de haut niveau et, moins encore, à l’ensemble des Promoteurs.

  1. L’auteur affirme que  » Le choix des membres du comité d’encadrement se fait dans le cercle » tribal, ethnique, provincial ou politique ». Cette affirmation est, à mon avis, gratuite. Les preuves de vérité scientifique sont aussi statistiques. La majorité de ceux qui ont soutenu des thèses à l’unikin n’avaient pas des promoteurs issus de ces cercles identifiés par lui. L’auteur aurait pu donner quelques statistiques à ce sujet. Ceux qui y ont travaillé scientifiquement ont parlé du « Clientélisme et des relations clients-patrons » qui caractérisent le monde de la « cancritude ». Le clientélisme est différent du tribalisme, du régionalisme,…ils obéissent même à des logiques différentes mais contribuant toutes à la perpétuation de la cancritude. Or, tous les Enseignants-Chercheurs de l’unikin ne sont pas des « cancres ».

Heureusement, en Scientifique, l’Auteur lui-même a utilisé l’expression « généralement », il a donc relativisé ses affirmations.

Bravo pour la deuxième fois.

  1. Selon l’Auteur,  » la composition du jury ne reprend généralement pas le membre du comité qui s’est montré plus critique et, donc, « imprévisible ». Par cette affirmation, si elle est fondée, l’Auteur exhibe une crise d’intelligence opérationnelle inimaginable quant au travail d’encadrement des travaux de haut niveau. En principe, aucun travail ne devrait être déposé au Département si un seul Membre de l’équipe de coaching, n’a pas pu signer son Rapport d’encadrement et donner son avis favorable au dépôt du travail pour la procédure de recevabilité et des soutenances, privées et publiques. Et si le Département passait outre, le coach concerné a la possibilité d’écrire à la hiérarchie académique pour stopper la procédure. Le coach scientifique initie, critique, apprend à critiquer, suggère des pistes, perspectives nouvelles, références bibliographiques, possibilité d’enrichissement des matériaux et de la littérature, il oriente le travail qui reste l’oeuvre du doctorant.

5.l’Auteur assume son statut « d’acteur engagé » ainsi que sa double posture de sujet observant et objet observé » en affirmant que « généralement, ce sont nous, les professeurs, qui « fabriquons » nos étudiants « distingués ». dans la sélection des candidatures, on fait peu de cas aux critères d »aptitude à l’enseignement » et d’interdiction de « toute discrimination » à l’embauche et que, généralement, ces recrutements ne respectent pas les critères légaux.

Cette affirmation est réelle dans le systeme du recrutement et de reproduction des cancres. Mais, pas partout. Les non cancres procèdent autrement. Il est souhaitable qu’une étude sociologique et juridique de penche sur la production des statistiques quant à ce.

Les affirmations du Prof. Ngondankoy (Je m’excuse, je n’arrive pas à l’appeler autrement sans dire « Professeur ») ne sont pas totalement fausses, c’est-à-dire, qu’elles ne sont pas, non plus, totalement vérifiables.

Si je suis intervenu dans ce débat, c’est pour donner un autre point de vue qui relativisé un peu les affirmations du Professeur en droit.

Loin du contexte du texte de notre estimé Professeur, rappelons la notion du « Savant néocolonial ».

Depuis les années 1990, une certaine occidentalisation du monde voulait que les « chercheurs » soient critiques à outrance , qu’ils montrent plus les aspects négatifs des sociétés Africaines pour être estampillés « Chercheur moderne sérieux  » et accéder aux cercles des « Savants » occidentaux et occidentalisés.

À ce jour, la colonisation mentale perdure. Certains des nôtres pensent même que pour être sérieux aux yeux de l’opinion, scientifique et non scientifique, il faut être négationniste, critique à outrance de tout et de rien. Il faut vendre une image négative, misérable des réalités locales et ignorer la partie positive des réalités Africaines. Une telle approche, néocolonialiste, prônée par les experts de l’industrie du développement importé par la Banque mondiale et le FMI « modèles scientifiques voyageurs « est basée sur la certitude selon laquelle « La pauvreté des Africains attire les attentions politiques, financières, humanistes et intellectuelles des occidentaux « .

Le monde doit évoluer vers la déprogrammation positive des mentalités et des gouvernementalités prônée par le Prof. Célestin Musao.

Nous devons critiquer et suggérer des pistes de sortie du sous-développement . Bien plus, nous devons nous engager en travaillant avec dynamisme, rayonnement, perspicacité et ce, chaque jour, pour faire croiser les compétences intellectuelles et les valeurs morales, éthiques et déontologiques pour le bien être collectif de notre Société . Ça ne sert à rien, vraiment à rien de faire du populisme du genre : « Je me sens indigne d’appartenir à cette université, à tout le corps professoral du pays et d’être appelé professeur ». Ça ne suffit pas pour changer les choses. Tavaillons pour faire évoluer positivement les pratiques sociales dans notre université, notre Pays et notre Afrique. Dénoncer est une étape, travailler en est une autre.

Que les choses soient dites, dans notre Université, celle de Kinshasa, tout comme dans l’ensemble de notre société, il existe, certes, des pathologies sociales, conjoncturelles et structurelles qui perpétuent le système de « Cancretude ». Il est aussi indiscutable que les cancres se multiplient plus vite que les cancrelats. Comment y remédier ? Par le travail de qualité, joint aux exigences morales, patriotiques, éthiques et déontologiques.

Par ailleurs, face aux Cancres, il existe également plusieurs pôles d’excellences qui abattent un travail formidable, de qualité supérieure et dans la compétitivité internationale. On en parlent pas assez. Ils se reproduisent lentement, difficilement mais solidement. Je n’ose pas citer les noms au risque d’en oublier certain. Le lecteur interressé peut bien se documenter puisqu’ils sont cités dans tous les moteurs de recherche ainsi que les réseaux socio-scientifiques comme researchGate, Google-scholar et plusieurs autres plateformes virtuelles des scientifiques.

Aux niveaux organisationnels, ces pôles d’excellences se cristallisent, du côté des structures comme l’École de Santé publique, le Centre de recherche en ressources en eau du bassin du Congo (CRREBaC), l’École de Criminologie, l’Observatoire de la Gouvernance (OG), Eraift, etc.

Autour de certains Collègues intellectuellement productifs, moralement bons,…grâce à ces pôles d’excellences, nous devrions encore être fiers d’appartenir à la catégorie des Enseignants-Chercheurs des temps présents, dans ce monde globalisé qui marche désormais sur la tête. Nous devons aussi promouvoir ceux qui font du bien à l’Université, qui résistent au système des « cancres » en leur imposant un contre-poid tout en montrant aux Étudiants d’autres alternatives des modèles, des issues positives. Ceux-là, peuvent être compté parmi les Acteurs du changement des mentalités tant recherchés par le nouveau leadership politique de la RD. Congo.

Fuir l’université, abandonner sa casquette professorale,…vous met, cher toujours Professeur Paul-Gaspard Ngondankoy, dans la posture de non Assistance à une Université, à une jeunesse et à une Société congolaise en danger.

Au lieu de ne ragarder que la partie vide du récipient, voyons aussi la partie remplie du contenu de qualité. Au lieu de porter des coups à l’université, il faut plutôt travailler pour le rayonnement positif de l’Université et du Pays en contrebalançant les cancres et leurs pratiques rétrogrades. C’est eux qui devraient, ces Cancres-là, qui devraient être indignes de porter la casquette professorale. Pas vous, cher Professeur Paul-Gaspard.

Je suis d’accord avec l’Auteur lorsqu’il affirme que notre Recteur a donné une réponse juridique à un problème socialement multiforme. Oui, quoiqu’incomplète, la réponse juridique est l’une des réponses possibles, même si elle est incomplète. À nous tous d’y apporter l’autre partie manquante.

Par contre, Je ne porte pas la boîte des perceptions fatalistes véhiculées par l’Auteur, selon lesquelles Monsieur le Recteur « aurait vu une gangrène, là où la maladie est dans sa phase métastatique ». À mon avis, rien n’est encore définitivement perdu. Le pronostique vital de notre Université n’est pas définitivement engagé . On ne devrait pas nous préparer à l’autopsie de l’université mais, plutôt, à sa Thérapie. Mes Collègues des sciences médicinales et pharmaceutiques vont me corriger si les concepts pris chez eux sont employés abusivement .

En ma qualité de Membre d’une université attaquée par les Cancres, qui réussissent à décourager même certains excellents Enseignants-Chercheurs, il est possible que mes propos soient teintés des doses de subjectivité parce que j’aime l’UNIKIN (qui m’a formé de G1 jusqu’au Doctorat) et je pense que l’intelligence ne suffit pas comme puissance pour transformer la société et l’organisation universitaire. Il faut y joindre Le Travail, l’Amour, le dynamisme, la Jalousie, les valeurs éthiques, déontologiques,…

Il est aussi possible que tel ou tel autre mot utilisé ici puisse choquer telle ou telle autre lecteur. Je m’empresse déjà d’en présenter les excuses et de retirer tout mot de trop. Il arrive souvent que notre parole devance nos pensées ou que notre écriture ne reflète pas nos souhaits.

Bon dimanche à tous.

Moluki Mayele, Motangisi Bwanya,
Michel Bisa Kibul

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