Proposition de loi électorale, un torchon antidémocratique [Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi Président National de l’UDS]

Toute élection est une compétition ayant pour but de départager des candidats en lice. Ainsi, pour que chaque élection soit transparente, crédible, démocratique et incontestable, elle doit se reposer sur des règles très claires, justes et inclusives. Ces règles ne doivent nullement être teintées de discrimination, d’exclusion.

En remontant l’histoire politique de notre pays, il est à reconnaître qu’un grand nombre de nos compatriotes ont sacrifié leurs vies pour l’avènement d’une vraie démocratie, un système qui consacre la mise en place d’un mode de gestion choisi par « le peuple, pour le peuple et par le peuple ».

La proposition de loi électorale actuellement sous examen à l’Assemblée Nationale dans la perspective des élections de 2023, est tout sauf une loi pour des élections démocratiques et inclusives souhaitées par notre Peuple.

Fruit de l’imagination partisane des indécrottables opposants du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, cette proposition de loi électorale conçue avant l’annonce de la création de l’Union Sacrée de la Nation en octobre 2020, ne répond, à ma connaissance, à aucune promesse électorale du Chef de l’Etat faite lors de sa campagne présidentielle de 2018. Autrement dit, c’est une proposition de loi qui n’incarne, nulle part dans ses dispositions, la vision politique du Président de la République ni de son Union Sacrée de la Nation.

Les prétendues innovations sont des trompe-l’œil pour attirer, au moment du vote de ladite proposition, des naïfs qui seront écrasés plus tard. Cette proposition concourt au maintien du système ploutocratique du régime précédent.

Une proposition de loi antidémocratique

Au lieu de contribuer à asseoir une véritable démocratie dans notre pays, les auteurs de cette proposition de loi électorale ayant été allaités aux mamelles de la dictature et de l’exclusion, pour la plupart, ont pondu un torchon antidémocratique appelé à arrêter l’élan démocratique amorcé dans notre pays.

Tenez.

  1. Versant dans la supercherie, les initiateurs instaurent, au grand jour, la discrimination et l’exclusion des pans entiers de notre Peuple de l’exercice de leur droit inaliénable de se faire élire en conditionnant la recevabilité des listes d’un parti ou regroupement au prorata de 60% de sièges en compétition. Cette conditionnalité irrationnelle exclut un grand nombre de compatriotes et s’inscrit dans la droite ligne d’imposer insidieusement la mise en place des regroupements politiques contre-nature. Une proposition de loi électorale antidémocratique.
  2. Elle maintient ou revoit à la hausse la caution électorale. Autrement dit, notre démocratie devient une chasse gardée des prédateurs et autres pilleurs qui se sont « miraculeusement enrichis » sur le dos de notre Peuple. Avec une caution électorale exorbitante, notre démocratie cesse d’être une affaire « du peuple pour le peuple par le peuple ».
  3. La séparation des inéligibilités ne sert pas notre démocratie. Pour cette proposition de loi électorale, il y aura désormais des inéligibilités définitives d’un côté et des inéligibilités temporaires de l’autre. Quelle aberration. C’est encore une invention saugrenue sortie des caboches de ces « faux élus du peuple » qui veulent rouler dans la farine notre Peuple.
  4. La fameuse proposition de loi électorale instaure – c’est le monde à l’envers – une discrimination entre les compétiteurs électoraux. Ils exigent plus aux candidats indépendants par rapport à ceux présentés par des partis ou regroupements politiques.
  5. L’ancien système de dépouillement étant maintenu, rien de neuf dans la lutte contre les tristes tripatouillages électoraux. La suppression des mécanismes anciens qui bureaucratisent le dépouillement et la compilation avec des intermédiaires, aurait contribué à la transparence du scrutin. Hélas, les candidats sont toujours à la merci des agents corruptibles de la CENI.

Contre la vision politique du Président de la République

Il est indiqué de se poser aussi la question de savoir si cette proposition de loi électorale traduit la vision politique du Chef de l’Etat ou émane de l’Union Sacrée de la Nation. Si elle ne répond pas à la première ou à la deuxième préoccupation, elle sera inutile.

Car, elle est diamétralement opposée aux promesses électorales du Président de la République. Au lieu d’instaurer l’élection des gouverneurs de province et des sénateurs au suffrage universel direct, les auteurs ont préféré botter en touche pour maintenir le suffrage universel indirect, toujours au niveau des assemblées provinciales. Une totale contradiction avec le Chef de l’Etat.

Ils ne s’arrêtent pas là. Ils compliquent davantage l’équation avec des formules inédites, inutiles et « complicatrices » qui éloignent notre Peuple du choix légitime de ses dirigeants et d’ouvrir la voie à une corruption déjà rampante. A l’heure actuelle, les gouverneurs de province et les sénateurs achètent leurs sièges auprès des députés provinciaux.

Au regard de ces insuffisances criantes étalées par les Honorables André Claudel Lubaya, Christophe Lutundula Pen’Apala, Charles Makengo Ngombe Matoka, Jean-Jacques Mamba, Jean-Marc Mambidi Koloboro, Juvénal Munubo Mubi, Patrick Muyaya Katembwe, Jacques Ndjoli Eseng Ekeli et Delly Sesanga Hipungu, cette proposition de loi électorale ne propose rien et ne contribue pas à l’enracinement de la démocratie dans notre pays. Elle la tue. Elle la ravale au niveau d’un système de soutien des prédateurs et autres pilleurs. Une vraie démocratie est contre le maintien des avantages et des privilèges des castes.

Opposée à la vision du Président de la République et n’étant pas présentée par l’Union Sacrée de la Nation, cette proposition de loi électorale démocraticide est bonne pour la poubelle. C’est un torchon antidémocratique.

Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi
Président National de l’UDS
Coordonnateur National du GPI
Ancien Représentant de l’UDPS en France

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