Gouvernement Sama Lukonde : députés et sénateurs au banc des accusés [Tribune de Crispin KABASELE TSHIMANGA]

Gouvernement Sama Lukonde : députés et sénateurs au banc des accusés

[Tribune libre de Crispin KABASELE TSHIMANGA BABANYA KABUDI, Président National de l’UDS, Coordonnateur National du GPI]

Ça y est ! On s’y attendait ! Les consultations en cours pour la formation du gouvernement du Premier Ministre Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge risquent d’accoucher d’une souris malgré l’engouement légendaire des acteurs politiques nationaux. Car, de fortes pressions sont actuellement exercées sur le Premier Ministre et sur le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, initateur de l’Union Sacrée de la Nation, sa nouvelle coalition gouvernementale.
Le ballet des représentants des regroupements et des partis politiques auprès du Premier Ministre n’est pas de bon augure. Chaque délégation s’amène avec un cahier de charges irréalistes. Chaque regroupement – ou parti politique – plaide pour sa propre chapelle sans tenir compte de l’état de déliquescence dans lequel se trouve notre pays. Tout le monde veut aller à l’indigeste soupe populaire servie par l’Etat.
La plupart des cahiers de charges contiennent des propositions farfelues qui traduisent la boulimie de pouvoir qui caractérise la classe politique congolaise. Tenez ! Selon des informations en notre possession, de nombreux députés nationaux et sénateurs se battent pour entrer dans ce gouvernement. Ils se bousculent, sans froid aux yeux ni honte, au portillon pour traverser la rue et porter le manteau ministériel. Ils ne pensent même pas aux cadres compétents que regorgent leurs regroupements et partis politiques respectifs.
Elus dans les conditions que l’on sait, la plupart d’entre eux ont choisi leurs épouses, époux, propres enfants, cousins ou cousines comme suppléants. En entrant au gouvernement, ils seront remplacés par ces derniers. Ainsi l’argent et les honneurs n’iront pas ailleurs. Ça restera en famille. Qui donnera alors tort à nos compatriotes mongo qui ironiseraient qu’il s’agit de « mobali ya famille », pourvu que le bonheur demeure éternellement dans la famille.
En vue d’atteindre cet objectif de « se servir davantage », nos élus exercent des pressions et brandissent des menaces contre le Premier Ministre et sa future équipe gouvernementale. Certains font du vil chantage en promettant de ne plus investir le prochain gouvernement au cas où ils n’en feraient pas partie.
Dans leurs démarches désinvoltes et égoïstes, nos élus oublient que l’Union Sacrée de la Nation est une initiative personnelle du Chef de l’Etat pour gouverner autrement notre pays. Quand vous y adhérez, vous devez vous soumettre à sa discipline, à sa vision et à ses consignes. Il en est de même de la composition du gouvernement dont il choisit seul les membres, après concertation du Premier Ministre. Sans pression extérieure ni diktat de qui que ce soit. Car, seul le Président Tshisekedi Tshilombo rendra compte de son mandat au peuple congolais en 2023. Il sera, en ce moment-là, seul à la barre.
Etre ministre : pour quoi faire ?
A la formation de chaque gouvernement, beaucoup de mes compatriotes se battent bec et ongle pour en faire partie. Mais, la plupart de candidats ne savent pas ce qu’ils vont y faire. Sans programme sectoriel connu ni expérience avérée, ils se bousculent uniquement pour les honneurs et les avantages matériels. A l’heure du bilan, on se rend compte que nombreux n’ont fait que de la figuration. Ne parlons pas de la vision du Chef de l’Etat qu’ils ignorent totalement.
Quand on analyse les réalisations des gouvernements qui se sont succédés depuis l’accession de notre pays à son indépendance, le moins que l’on puisse dire est que les bilans sont largement négatifs. Rien n’a été fait pour l’amélioration des conditions de vie de notre peuple. En parcourant la République Démocratique du Congo, de l’est à l’ouest et du nord au sud, personne n’aura le courage de conclure que notre pays a été réellement gouverné par des gens responsables, conscients et dignes de ce nom. Les plus cyniques ne se gêneraient pas de parler d’une catastrophe naturelle qui se serait abattue sur le Congo de nos ancêtres.
A la lumière de ce sombre et apocalyptique tableau, le seul moyen d’être digne de notre peuple est de faire confiance au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et de lui laisser les coudées franches dans la constitution de son gouvernement. Ainsi donc, les sociétaires de l’Union Sacrée de la Nation devraient adopter le profil bas, abandonner des pratiques rétrogrades fondées sur le poids politique, les pondérations irréalistes, la géopolitique surannée, le tribalisme suicidaire, etc…qui ne riment à rien.
Le gouvernement de la République n’est pas comparable à l’Assemblée Nationale ni au Sénat. Si l’on admet que la représentativité nationale prévue dans notre Constitution n’est pas synonyme du « fameux partage équitable et équilibré » enfanté au sortir de la Conférence Nationale Souveraine, l’on devra en conséquence accepter que le gouvernement de la République ne pourra jamais être constitué des délégués de nos 450 tribus et ethnies. Soyons raisonnables et réalistes !
Que nos élus nationaux revoient leurs ambitions à la baisse. Surtout eux. Ils ont l’avantage de servir déjà la Nation et de siéger dans les prestigieuses institutions que sont l’Assemblée Nationale et le Sénat. Parmi eux, il en a qui ont été membres de différents gouvernements précédents où ils n’ont pas brillé de mille feux. Ils n’y ont pas laissé des traces indélébiles.
« Le Peuple d’abord » étant un programme présidentiel, nos députés nationaux et sénateurs qui se sont délibérément engagés à accompagner le Président de la République dans le cadre de l’Union Sacrée de la Nation, ne doivent pas lui mettre des peaux de banane sur la voie de la réalisation de son ambitieux programme. Car, le spectacle que l’on nous sert actuellement est indigne. Dans tel parti politique ce sont des déclarations, des marches de soutien à x ou y, dans tel autre parti politique, on appuie des ministres sortants qui n’ont pas été d’ailleurs performants. Ça, ce n’est pas le « Peuple d’abord » !
Et si le Président Tshisekedi Tshilombo décidait de casser des œufs pour battre l’omelette en dissolvant l’Assemblée Nationale !
Crispin KABASELE TSHIMANGA BABANYA KABUDI
Président National de l’UDS
Coordonnateur National du GPI

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