« Enjeux politiques de l’heure », « Présidence de la RDC à l’UA »: le Professeur NKERE NTANDA brise l’omerta, voici sa feuille de route pour réécrire l’histoire du Congo Kinshasa !
Il est auteur du livre intitulé : « Nationalisme pragmatique. Catalyseur du développement en République démocratique du Congo ». Le Professeur NKERE NTANDA NKINGI, Enseignant à l’université de Kinshasa, insiste dans cette grandiose et grandiloquente œuvre d’esprit, sur l’épineuse question du changement des mentalités et de la nouvelle citoyenneté. Une interpellation, à tout dire, qu’il lance résolument à l’ensemble de la communauté nationale, insinuant en un mot comme en mille qu’il est temps de changer des mentalités, en toute conscience nationale, pour désormais regarder dans la direction du développement de la mère patrie. Aux prises avec EXCLUSIVITÉ.INFO, ce mardi, le Professeur NKERE NTANDA NKINGI a eu, à cet effet les mots justes, pour passer en revue les questions politiques de l’heure, marquées essentiellement par la prise des fonctions du président Tshisekedi fils à la tête de l’union africaine, et la matérialisation tout feu tout flamme, de l’union sacrée de la nation, nouvelle dynamique politique initiée par le chef de l’État Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Oui à l’union sacrée, mais, voici la feuille de route… !
Le façonnier de l’élite intellectuelle, Prof NKERE NTANDA NKINGI, partage largement l’inquiétude légitime des observateurs qui déplorent la transhumance des politiciens pointés du doigt hier quant aux moult griefs ayant caractérisé leur passage dans les institutions de l’Etat, tout en soulignant toutefois qu’il y a « une opportunité, en rassemblant les gens dans cette union sacrée, de procéder à une nouvelle façon de faire les choses, d’établir des règles strictes pour l’opérationalisation de cette union sacrée et de s’assurer que ne peuvent y appartenir que ceux-là qui adhèrent à cette façon de faire différemment les choses. Et c’est là où nous soulignons le changement des mentalités pour insinuer cette nouvelle façon de faire les choses ». Des nouvelles mentalités, précise-t-il, par rapport au détournement de deniers publics, des nouvelles mentalités par rapport aux rapports que doivent avoir des dirigeants avec les gouvernés, suivant dans le cas d’espèce le cri de ralliement en vogue : « le peuple d’abord ».
« J’applaudis l’initiative de pouvoir rassembler les soient disant bons et les soient disant mauvais », autour de l’union sacrée, martèle le Politologue congolais en relevant l’impérieuse nécessité « d’opérationaliser cette union sacrée dans le contexte des nouvelles mentalités, dans le contexte d’une nouvelle vision, dans le contexte de la gestion de la RDC » .
Et de renchérir, dans la foulée, « c’est ça le challenge de celui qui a pris l’initiative de mettre tous ces mondes ensemble. Il faudra à ce niveau là une main très ferme, forte par rapport à ce que l’on veut réaliser. Il ne faut pas qu’il y ait des tractations dans le contexte du tribalisme, dans le contexte de l’appartenance ethnique, dans le contexte de l’appartenance partisane. Ce sont des facteurs qui ont impacté, affaibli la méritocratie ».
Ayant rassemblé les uns et les autres, je voudrais voir comment le berger va se comporter.
« Garantir une gestion différente«
Je voudrais donner la chance à l’initiative et non jeter l’eau et le bébé en même temps. Ce pays peut changer, je l’ai dit dans mon travail. Le chef a la volonté de changer ce pays, je reste optimiste.
« Je suis déjà satisfait quand je fais référence au discours de l’informateur qui avait dit « qu’il n’y avait pas de quiproquo », il n’y avait pas d’échange d’intérêts dans cette procédure d’adhésion. Faire les choses différemment de telle sorte que le Congo soit notre première priorité. Si vous êtes d’accord, nous vous recevons. Partant de ce discours, je suis de l’avis qu’il n’y aura pas de quiproquo. La vision du président de la République c’est la seule proposition qu’il y a : la gouvernance responsable. Il va sans dire que je ne trouve pas inapproprié que l’on puisse aussi puiser parmi ceux qui ont adhéré sans pour autant que cela soit perçu comme un quiproquo, comme un échange d’intérêts.
Accession de la RDC à la présidence de l’Union africaine : opportunité, mais…!
Le Professeur NKERE NTANDA NKINGI salue l’opportunité offerte à la RD Congo, mais révèle par ailleurs, les difficultés réelles qui émaillent l’organisation et le fonctionnement de cette structure continentale.
« Pour ce qui est de cette mandature à la tête de l’union africaine, je dois d’abord faire remarquer que c’est honorifique, c’est un honneur pour nous. Nous sommes très honorés par le fait que ça soit notre président qui a maintenant le tour de gérer cette institution ». Nous devons cependant reconnaître que le président va gérer une institution qui est foutue dans une certaine mesure ».
L’union africaine, rappelle le Professeur NKERE NTANDA, ne fonctionne pas comme d’autres organisations continentales, elle est très pauvre.
« L’union africaine n’a pas de politique qui la rend présente dans la vie des africains de tous les jours. Elle est presque restée ce qu’on dit d’elle un syndicat. L’union africaine n’a pas d’exigences par rapport à l’adhésion, aux comportements des membres. Le chef de l’Etat congolais peut avoir de très belles intentions, de nouvelles idées pour transformer l’union africaine, mais l’instrument lui-même, l’union africaine est foutue pour permettre cette transformation là. Il faut qu’il y ait d’abord le changement au niveau de l’institution pour qu’elle devienne un instrument utile qui peut amener le changement au niveau des pays africains. C’est pourquoi je ne voudrais pas trop entrer dans le discours de battre trop le tam-tam. N’oublions pas aussi qu’il n’y a que douze mois pour cette mandature. Vous n’allez pas finir les conflits en Afrique de l’Est dans douze mois, quand on ne sait pas finir les conflits dans notre propre pays, dans cette périodicité. Je sens qu’il y a un peu trop de dramatisation par rapport à l’agenda du chef de l’Etat. On est en train de lui rendre un mauvais service, en donnant l’impression qu’il va trop faire au niveau de l’union africaine. Il ne va pas faire beaucoup de choses, il n’en aura pas les moyens, le temps aussi. N’oublions pas la structure, c’est une association des États indépendants. L’union africaine elle-même n’a aucune force pour imposer sa proposition face aux Etats » qui exhibent la souveraineté. Nous avons affaire à une mandature qui peut avoir une très bonne vision, de très bons projets, mais qui seront difficiles à réaliser », conclut le Professeur NKERE NTANDA NKINGI.
En tout état de cause, cet Enseignement des universités, estime qu’en rapport avec les défis de l’heure au pays, le chef de l’Etat devra être très rigoureux dans son casting de nouveaux animateurs des institutions. Il propose, en somme, la sélection des hommes qu’il faut à la place qu’il faut, sur fond du principe sacro-saint de la méritocratie. À bon entendeur !
Jacques Kitengie