RDc: « Sans effusion de sang, le président Tshisekedi a écrasé la dictature de Kabila en sept séquences » [Moïse Moni Della]

Parcourez, ci-dessous in extenso, l’intégralité de la tribune de cet acteur politique congolais proche de l’UDPS et du clan politique de Moïse Katumbi.

Kabila mythe ou réalité ? Le déboulonnage de Kabila et de son système s’effectue lentement mais sûrement. Le système et ses représentants s’écroulent en direct comme un château de cartes. Mieux, ils se fondent comme une boule de glace au soleil. Qui l’aurait cru ? En tout cas pas grand monde.
Lorsque le président Félix-Antoine Tshisekedi déclare, en avril 2019, qu’il va déboulonner le système Kabila, j’étais sceptique. Lorsqu’il déclare qu’il ne va pas fouiner dans le passé, j’étais là très déçu, tenant compte des crimes imprescriptibles commis par Kabila et ses courtisans. Je n’avais pas hésité à l’époque de qualifier une telle déclaration de sacrilège.
Chaque contradiction au sein de la coalition FCC-CACH était alors à mes yeux comme une querelle de ménage, une historiette d’un couple. Comme l’enseigne une sagesse de mon village de Wenga, chefferie des Ankutshu et dans la tradition des Kusu du territoire de Kibombo dans la province du Maniema : »Maneno ya bibi na bwana ha baingi yake, ukaingiya utabakiya na haya ». Comme pour dire, il vaut mieux ne pas se mêler aux querelles d’un couple, au risque de paraître ridicule après réconciliation de deux tourtereaux.

Malgré notre retenue, l’intérêt supérieur du peuple congolais nous a contraint à chaque fois d’élever la voix pour dénoncer les cafouillages, les tripotages, les bidouillages, les tripatouillages de la soi-disant majorité du FCC jusqu’à ce que le président de la République puisse le reconnaître à haute et intelligible voix dans un discours mémorable du 6 décembre 2020 quand il décréta la dissolution de la coalition FCC-CACH, regrettant humiliations et blocages subis.
Dès lors, il fallait à tout prix débloquer la machine. Pour ce faire, le président de la République a eu l’ingénieuse idée de reconstituer une nouvelle majorité dans un label à la fois nationaliste et spirituel intitulé : Union sacrée. Sans effusion de sang, sans crépitement des balles, le président Félix Tshisekedi a écrasé la dictature sanguinaire de Kabila qui a fait couler une rivière de sang des congolais et endeuillé plusieurs familles.
Étant un combattant de la démocratie, de la liberté et des droits de l’homme depuis 1983 au sein de L’UDPS, sous le leadership d’Étienne Tshisekedi, en passant par le RCD/N, les Conade mon parti et Ensemble pour le changement de Moise Katumbi, je ne peux que saluer cet exploit qui est une étape décisive de la lutte que nous avons menée dont la finalité est le mieux-être des Congolais.
Je suis témoin oculaire et auriculaire des massacres à grande échelle perpétrés par une partie de l’armée sous le commandement de Kabila par l’entremise d’un général d’opérette Gabriel Amisi qui donnait l’ordre de tirer à bout portant sur les manifestants pacifiques le 19 septembre 2016 dont le seul péché était de dire non, s’il faut emprunter la célèbre métaphore de Moïse Katumbi, à un « troisième faux penalty », de Monsieur Kabila.
J’étais arrêté, torturé et amené à la prison de Makala.
A cette occasion, plusieurs personnes ont subi les traitements inhumains et dégradants. Dans la logique des entreprises criminels, Kabila et ses sbires n’ont pas hésité de brûler vifs les vaillants combattants de l’UDPS à leur siège sur la 10ème rue Limete.

J’avais porté plainte, au risque de ma vie, contre Kabila et ses courtisans à la Cour constitutionnelle et j’ai fait la dénonciation à la CPI au moment où il était au pouvoir et régnait avec ses sbires en maître absolu.

Je suis étonné que les gens s’étonnent du dementèlement du pouvoir de Kabila. Je comprends leurs émotions et réactions. Ils croyaient que Kabila était invulnérable et intouchable. Ils ont oublié que son pouvoir n’avait aucune base populaire, encore moins ne bénéficiait d’une adhésion volontaire.

Lorsque Fatshi amorce le processus de déboulonnement et remarque qu’il n’y a aucune résistance sérieuse, il a foncé comme du couteau dans du beurre. Il n’y a rien, c’est l’homme qui a peur, disait le chanteur JB Mpiana. Il n’y a que les fanatiques naïfs qui croient encore à la résurrection politique de Kabila ou à une quelconque puissance de sa part. L’homme est un mythe et non une réalité. Les Mobutistes croyaient aussi à l’invulnérabilité du Maréchal et son pouvoir. Ils ont déchanté. Croire au retour en scène de Kabila est une fiction, un rêve qui sera difficile à réaliser même si on dit que tout est possible en RDC. Ce qui se passe ailleurs se passe en RDC, mais ce qui se passe en RDC ne se passe nulle part ailleurs. Le pouvoir n’est plus au bout du fusil mais au bout de la pensée.

Kabila est aujourd’hui un lion en carton, « Mbwa ya copal », comme disent les kinois. La méthode utilisée par Félix Tshisekedi pour démanteler le système mis en place par Kabila depuis 18 ans est méthodique et même scientifique. Incroyable, il y a quelques jours, mais vrai aujourd’hui. Le sénateur José Edundu a même parlé, avec raison, d’un miracle. Il n’est pas le seul. Même au-delà de nos frontières, plusieurs analystes sérieux de la scène politique africaine saluent cette révolution de velours que vient de réaliser Félix Tshisekedi.
En quelques jours seulement, l’actuel président vient de démanteler un système enraciné de plus de 18 ans en sept séquences :

  • Première séquence : contrôle de l’armée en nommant et en permutant les chefs étoilés.
  • Deuxièmement séquence : regard sur l’appareil judiciaire, avec les mises en place effectuées à la tête de la magistrature
  • Troisième séquence : la prise de la Bastille, c’est-à-dire de l’Assemblée nationale avec le basculement de la majorité au profit de l’Union sacrée
  • Quatrième séquence : la destitution du gouvernement FCC-CACH dirigé par Sylvestre Ilunkamba après une motion de censure
  • Cinquième séquence : Le bureau Thambwe Mwamba poussé à la démission au Sénat
  • Sixième séquence : Nomination d’un nouveau Premier ministre
  • Septième séquence : démilitarisation des résidences et fermes de Kabila (GLM, Kingakati, Kashamata…).
    Il ne reste que la Banque centrale qui ne saurait échapper à ce processus en douceur du déboulonnage.
    « Un tigre ne proclame pas sa tigritude. Il bondit sur sa proie et la dévore », disait Wole Soyinka. C’est ce que vient de faire Fatshi. Kabila n’était qu’un tigre en dessin, un mythe. La réalité est qu’il régnait surtout par la terreur que par une stratégie mûrement pensée. Il y avait plus de chaleurs que des lumières, autour de lui. C’était une grenouille qui se faisait passer pour un bœuf, un peureux que d’aucuns croyaient courageux.
    Plusieurs fois dans les médias, je l’ai traité de peureux et j’ai aussi dénoncé les comportements affairistes de certains de ses généraux de façade, de parade qu’on peut qualifier de haute trahison. Ils vendaient des armes et tuaient des paisibles citoyens, alors qu’ils étaient incapables de sécuriser le pays face aux agresseurs et de gagner même une bataille, mais qui crient victoire lorsqu’ on tire et massacre les civils sans armes au cours d’une manifestation pacifique.

Les caciques du FCC disait avec arrogance que si le président Félix ose aller à l’encontre de leur caprice et surtout tentait de dissoudre l’Assemblée nationale, ils vont le destituer sans ménagement. Pendant ce temps, j’avais fait une déclaration en disant qu’i’ n’y aura ni dissolution du Parlement par le président ni destitution du président par la majorité de godillots du FCC.
Au regard de ce qui vient de se passer, l’histoire me donne encore une fois raison. Il est temps que Kabila demande pardon pour tout le mal qu’il a fait aux Congolais, avant qu’il ne se retrouve en prison et termine sa vie comme l’empereur Bokassa de la République sœur de Centrafrique et Hissène Habré du Tchad.
Tenant compte aujourd’hui des différentes enquêtes et plaintes diligentées pour élucider les crimes politiques, économiques, contre l’humanité perpétrés par le sénateur à vie et ses courtisans, il y a lieu d’espérer en l’instauration d’un véritable État de droit.

Moïse Moni Della
Porte-parole du Peuple et Président des Conade

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