Rdc-élections 2023: « imposer un candidat à la tête de la CENI est un acte contraire à la démocratie » [Mme Monique Mukuna]
Dans une interview accordée à la presse congolaise le 06 septembre dernier, la présidente nationale de la plate-forme politique RDC nouvel Horizon, Mme Monique Mukuna Mutomo a décidément invité le Président Félix Tshisekedi à l’organisation sans conditions des éléctions crédibles et transparentes dans le délai constitutionnel, soit en 2023. Toutefois, elle propose la mise en place d’une transition à défaut d’organiser les joutes électorales à l’horizon fin 2023. Parlant, dans la foulée de son avenir politique, cette femme de fer reste plus que déterminée à briguer la magistrature suprême aux suffrages universels de 2023.
Parcourez ci-dessous l’intégralité de ladite interview :
- Dossier CENI : la commission paritaire de l’Assemblée nationale valide Denis Kadima pour succéder à l’actuel président de la CENI bien que les divergences persistent entre les 8 confessions religieuses. Voyez-vous une organisation crédible et transparente des élections ?
-L’élection du président de la CENI est parmi les éléments essentiels, si pas, les piliers même de la démocratie.
Cette élection, si nous voulons lancer un message fort à ceux qui espèrent voir la RDC répartir sur de bonnes bases, à savoir les congolais eux-mêmes ainsi que la communauté internationale ( autant nous voulons tous être autonomes, autant la RDC dépend encore malheureusement en majeure partie de son budget de l’apport de la communauté internationale. Qui dit financement, dit droit de regard) , nous devons donc faire en sorte qu’elle puisse être le plus transparent et le plus crédible possible.
Imposer Monsieur Kadima lance un signal contraire à celui tant attendu : Le signal de la démocratie.
- Partagez-vous le même avis avec ceux qui disent qu’il faudrait d’abord réviser la nouvelle loi organique de la CENI avant la désignation de la nouvelle équipe dirigeante ?
- Nous sommes de ceux qui pensent que quelques soient les décisions à prendre, nous devons avoir les élections en 2023. Le reste n’a pas son importance. Manager signifie aussi planifier et respecter les lois ainsi que la règlementation du pays.
- De la lunette d’une experte des questions électorales, est-il possible que le pays connaisse des élections dans le délai constitutionnel ? Et si la convocation du scrutin n’est pas effective en 2023, serez-vous d’accord avec l’idée d’un dialogue ; ou vous avez une recette à présenter ?
- Le Président Tshisekedi était parmi ceux qui, en son temps, avaient mis la pression pour que les élections passées se fassent dans les délais constitutionnels. Tout le monde attend voir ce qu’il en sera sous son leadership.
A moins d’un miracle, il lui sera très difficile d’organiser les élections dans le temps prévu par la loi. Le dialogue entre qui ? Ceux qui pensent avoir à chaque fois le droit de se réunir et de parler de leurs propres intérêts ? Il est plus que temps d’inviter maintenant le peuple congolais à table pour le fameux partage de gâteau !
Le seul moyen de nous en sortir serait dans ce cas-là de mettre en place une équipe de transition à cet effet.
- Quelle est la motivation principale, qui vous avait poussée à postuler à la présidence de la République, qui peut améliorer en tant soit peu ce pays qui fait face à divers problèmes ?
- Nous pouvons vous énumérer la liste des éléments de motivation traditionnelle que tous ceux qui aspirent à la magistrature suprême ont déjà toute faite ;
Mais ça serait nous mentir d’abord à nous-même, car nous avons compris par expérience que personne n’a le monopole de solution pour un pays.
Aujourd’hui, notre motivation profonde est teintée d’humilité par rapport à ce qu’il en était par exemple en 2016 ou en 2018 : Notre seule ambition profonde, en ce moment, est celle de faire partie de la solution qui permettra à notre pays de refléter ses richesses naturelles.
Nous avons plus conscience aujourd’hui que la Magistrature suprême a une fonction presque sacerdotale, un don de soi au plus haut niveau.
Diriger un pays et parvenir à être une solution pour la vie des millions de gens, c’est puiser dans le plus profond de ses capacités morales, physiques, spirituelles, sociales et intrinsèques.
Chaque jour de notre vie doit nous y préparer pour y parvenir, sinon, ça serait de l’aventure que d’oser même y penser
- Quelle est votre analyse de l’action gouvernementale actuelle, avec une amélioration des recettes et une augmentation des réserves de change estimée à 3 milliards de dollars ?
-Les réserves de change ont augmenté principalement en raison de la dévaluation du franc par rapport au dollar.
Il ne s’agit donc pas d’une augmentation dictée par une véritable poussée productive mais plutôt par une dépréciation des paiements sur le change de la monnaie locale.
En vérité ce n’est qu’une économie de change. Nuisible car elle crée un appauvrissement du pouvoir d’achat interne (monnaie locale).
La balance commerciale des paiements souffre toujours de la plus grande importation nécessaire dans le journal (plus grande importation qu’exportation). Cela représente l’obstacle sur les réserves de change qui de toute façon ne peuvent pas fonctionner uniquement et exclusivement sur des valeurs de swap (différences sur appréciation ou dépréciation sur taux de change), mais sur des valeurs réelles…. Plus grande croissance du PIB
- Trouvez-vous l’Etat de siège comme étant une meilleure stratégie pour éradiquer la rébellion et remettre la paix dans la partie Est du pays ?
- La guerre en RDC est une guerre économique avec un sous-bassement politique.
Dans ce cas-là alors, des décisions politiques doivent être prises.
Tous les rapports à tous les niveaux ont déjà déterminé quelle en était la cause ainsi que les instigateurs. L’état de siège ne tient pas en compte ni le rapport mapping ni d’autres rapports qui déterminent qui sont clairement ceux qui nous font la guerre.
A part les congolais qui sont prêts à s’enrichir en faisant fi du sang de leurs compatriotes, des pays voisins sont cités nommément.
La solution est politique sur le plan régional et le gouvernement doit investir dans la médiatisation internationale intense afin de s’allier de l’opinion internationale qui est très cruciale dans la gestion des conflits.
L’état de siège est, en ce qui nous concerne, une décision très populiste qui n’aura pas résolu le problème à long terme.
- Que pensez-vous de la loi formulée par un ancien candidat à la présidentielle de 2018, avec comme provision que les candidats à la magistrature suprême soient des congolais de père et de mère ?
- Évitons des sorties médiatiques pour faire le buzz. Nous avons suivi les débats que ce soit sur les plateaux de télévision ou sur les réseaux sociaux et il en ressort que certains politiciens font maintenant de la surenchère avec le fait de s’être présenté à l’élection passée, fait qui est sensé, selon eux leur donner un pouvoir spécial.
La cohésion nationale est plus qu’importante en ce moment très crucial de l’histoire de notre pays ; bien que la configuration actuelle, c’est à dire, celle d’un pays qui est encore en guerre, puisse nous pousser à une très grande prudence en ce qui concerne la nationalité congolaise, politiser et instrumentaliser un débat d’une si haute importance, en ce moment-ci, est un signe d’inconscience et d’irresponsabilité.
Le fond du débat est tout à fait légitime mais sa forme et son timing sont discutables.
- Quelles sont vos impressions sur la situation générale du pays ; trouvez-vous qu’il y’a du changement par rapport au régime passé ?
- Le bilan de la mi-mandat est très mitigé.
Nous voyons que le président Tshisekedi fait des efforts et qu’il a le souci de bien faire les choses. Il faut avouer que la tâche est très rude vu l’état général du pays avant son accession au pouvoir.
En même temps, comme cela est habituel en leadership, surtout sur le continent, le choix de l’équipe qui l’accompagne est questionnable ; sa famille biologique se mêle un peu trop de l’activité économie que ; son parti veut à tout prix imiter la dictature mobutienne et enfin, malheureusement, certains kasaiens ne sont pas du reste : ils veulent à tout prix identifier le pouvoir de Monsieur Tshisekedi comme étant celui de sa tribu (les swahili ont fait pareil et les Gwandi aussi et il est temps que cela change)
Malheureusement tout cela va être imputable au mandat de Monsieur Tshisekedi et cela empoisonne aussi le doing business ainsi que la cohésion nationale.
En plus de tout cela, le plus frappant reste la vie sociale qui n’arrête pas de se détériorer.
- Comment trouvez-vous l’état de la justice actuelle, est-elle sélective, comme une certaine opinion le dit, ou pensez-vous qu’il y ait une amélioration ?
- Ne dit-on pas que la justice élève un pays ?
Mes pensées de sympathy profondes vont à l’endroit de ce jeune activiste arrêté le jour de sa dote à Goma pour avoir parlé d’une ONG de la première dame.
A tort ou à raison, nos services de sécurité doivent arrêter avec cet excès de zèle !!!
Sans une justice équitable, comment pensons-nous attirer des investisseurs sérieux ?
Sans une justice équitable, comment comptons-nous nous démarquer de notre passé douloureux qui a vu des congolais être arrêtés pour leurs opinions différentes de celles voulu par le pouvoir ?
La justice doit être séparée de l’exécutif.
Des journalistes, des opposants et des leaders d’opinions emprisonnés…
Qui aurait imaginé cela avec un ancien parti de l’opposition au pouvoir ?
Nous regardons impuissant la justice aller de mal en pire.
Monsieur Tshisekedi, pour honorer le souvenir de votre père qui a lui-même subit des arrestations arbitraires, penchez -vous personnellement sur la justice de notre pays ! Le pouvoir qui vient de Dieu a pour caractéristique la justice et l’équité, ne l’oublions pas!
Et, la mesure que nous utilisons pour juger, sera la même quand à notre tour nous serons sur le banc des accusés.
Voyez ce qui se passe avec les acteurs du régime passé et tirez-en votre leçon !
- Pour finir : pourquoi avez-vous choisi de faire la politique en occident au lieu d’être sur le terrain ? Qu’en est-il de votre calendrier politique et de votre retour au pays et que dites-vous à ceux qui veulent vous rejoindre la plateforme RDC Nouvel horizon.
- Nous ne faisons pas de politique en dehors de la RDC mais des contraintes professionnelles nous retiennent dans d’autres pays africains.
Le terrain aujourd’hui que cela soit en politique ou en d’autres domaines d’activités a une partie qui est virtuelle que nous exploitons pour l’instant.
Chaque chose en son temps ;
Notre énergie, notre temps ainsi que nos ressources sont planifiés de telle sorte que nous soyons productifs et efficaces pour atteindre les résultats escomptés.
RDC NOUVELHORIZON est en train de se réinventer pour répondre plus efficacement au besoins réels des congolais. Une communication officielle vous sera délivrée au moment opportun à cet effet.
Merci !
Taz Russell Tendila Muteba.